
Le community manager est devenu incontournable dans l’animation et la gestion des communautés en ligne des entreprises. Pourtant de nombreuses annonces d’emploi sont mal rédigées ou totalement déconnectées de la réalité du métier.
Les dérives fréquentes des annonces en vue d’embaucher un community manager, notamment les compétences et les qualités exigées, ne relèvent pas véritablement de son rôle et/ou de ses capacités.
Les entreprises ne parviennent-elles toujours pas à cerner le rôle du community manager ou tentent-elles de le discréditer, voir de tirer sur la corde en cherchant le mouton à cinq pattes en vue de le sous-payer ?
Tentons d’y voir un peu plus clair dans tout ça !
La méconnaissance du métier de community manager
Les recruteurs mettent souvent des exigences disproportionnées au sein de leurs offres d’emploi pour les CM, témoignant d’une méconnaissance de ce poste, qui est pourtant majeur. Cette incompréhension conduit à des offres incohérentes, nuisant aussi bien aux candidats qu’à l’entreprise elle-même.
C’est pourquoi il est important pour une entreprise de tout connaitre du community manager et du community management pour savoir comment embaucher effacement le bon candidat.
Confondre le community manager et le social media manager
De nombreuses entreprises se cachent derrière derrière le rôle du CM et mettent en avant les missions du social media manager au sein de leurs annonces d’emplois. Leur seul but est de rattacher leur annonce au community manager car ils veulent simplement parvenir à le sous-payer d’emblé. A ce stade c’est vraiment se moquer des candidats et leur manquer de respect quand à leur niveau et leur capacité.
Dans les grandes lignes, un community manager est un exécutant et le social media manager un stratège. Dans certains cas le CM sait faire de la stratégie mais souvent de manière très basique, notamment choisir les bonnes plateformes sociales pour une activité, en considérant les cibles et les objectifs à atteindre. Cependant la stratégie va bien au-delà ce ce simple travail. Avoir une vraie réflexion stratégique en amont en considérant diverses problématiques, n’est pas un travail pour lequel le community manager a été formé.
Les différences de salaires entre community manager et social manager sont assez considérables, bien que les études de salaires en viennent même à mélanger ces deux rôles bien distincts.
Quand le community manager devient graphiste et monteur vidéo
Une dérive assez fréquente dans les annonces d’emploi est la demande de compétences en terme de création graphique et particulièrement la maîtrise d’outils professionnels comme Adobe Photoshop ou Illustrator. Or ces outils et les compétences qui y sont rattachées, sont lies au domaine du graphisme et non à celui du community management.
Le community manager se concentre principalement sur la création de contenu en usant d’outils plus accessibles comme Canva notamment, mais pas Photoshop ou Illustrator qui requiert une vraie formation pour les maitriser. Il serait plus opportun de mentionner que ce serait un « plus » si le CM savait les utiliser.
Une annonce exigeant par exemple que le community manager maîtrise Adobe Premiere ou encore Final Cut Pro pour réaliser des montages vidéo avancés, est assez révélatrice d’une confusion entre le community management et les métiers de la production audiovisuelle, voir même d’un manque de connaissance total du métier de CM.
La maîtrise du SEO par le community manager ?
Certaines annonces stipulent ouvertement la nécessité de maîtriser le SEO. Bien que la compréhension du SEO ou référencement naturel soit un avantage certain, elle n’est pas centrale dans le métier de community manager. Là il y a encore à redire, alors qu’il suffirait de mettre une parenthèse et de solliciter comme un plus sans le ramener aux compétences du CM.
L’expertise SEO relève avant tout du rédacteur web SEO et de l’expert de ce levier, comme un référenceur ou un spécialiste en marketing digital.
Si une offre d’emploi demande explicitement au community manager de concevoir une stratégie SEO complète, c’est une hérésie totale. Cette tâche relève de l’expert SEO ou encore d’un responsable de contenu rédactionnel.
Le community manager devenu un développeur web
Il n’est pas rare que certaines annonces mentionnent aussi la création et la gestion de sites web, même si ça reste un peu plus rare. Or la création et la gestion technique d’un site web relève d’un webmaster ou d’un développeur web.
Le community manager interagit avec le public via les réseaux sociaux mais il n’est pas censé maîtriser la création de site via WordPress par exemple et encore moins maitriser des langages comme le HTML, le CSS ou encore le JavaScript.
Quand certaines offres d’emplois exigent du community manager la création et la gestion d’un site WordPress. Il s’agit ici d’un véritable amalgame entre différentes professions digitales. Une autre évidence pourrait bien sûr est l’économie substantielle pour l’entreprise, de trouver un CM qui s’y laisserait prendre.
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Ce ne sont pas les seules dérives que l’on trouve au sein des annonces, et si vous êtes community manager, ne vous laissez pas influencer par ces offres d’emploi ou ne pensez pas que vous n’êtes pas compétent. L’entreprise peut aussi vous former le cas échéant, et en répondant à ce type d’annonce, vous pourriez même solliciter une formation tout en présentant bien votre rôle qui n’est pas toujours rattaché à ce que l’on vous demande.
Les salaires du CM déconnectés de la réalité du marché
Un des autres problèmes récurrents concerne les salaires proposés aux community managers, car certaines offres proposent des rémunérations largement inférieures au marché. Beaucoup ignorent totalement la valeur d’un CM au regard de ses compétences et ses qualités, et l’existence de barèmes et études de salaires qui établissent les revenus référents.
Dans le cas où une annonce proposerait à l’extrême un salaire proche du SMIC, ou qui atteindrait tout juste 24K€ pour un poste exigeant plusieurs années d’expérience et de multiples compétences connexes, fuyez !
Valorisez-vous ainsi que votre rôle, en considérant également votre plus-value et les potentielles compétences spécifiques que vous avez pour le poste.
Les qualités personnelles exigées inadaptées au poste
Certaines annonces mentionnent aussi des qualités qui ne sont pas nécessairement spécifiques au métier de CM, comme par exemple une expérience commerciale poussée ou des compétences en gestion de projet avancée. La dimension commerciale est parfois masquée comme étant la recherche d’un CM à la performance, ce qui est la même chose.
Si ces qualités peuvent être utiles au CM, notamment dans le cadre du B2B, elles ne définissent pas la fonction du community manager. Demander une forte expérience en vente directe, voir même en prospection commerciale, révèle une incompréhension du rôle initial du community manager. Rappelons que le CM anime, gère et engage une communauté et non de vendre directement.
Les conséquences pour les entreprises et les candidats
Ces dérives dans les annonces d’emploi en community management engendrent des conséquences négatives :
- Recrutement : Les candidats compétents risquent de ne pas postuler devant une annonce confuse ou mal calibrée. Pour les entreprises c’est indirectement un acte discréditant qui démontre leur méconnaissance du rôle. Comment faire confiance à une entreprise voir l’intégrer, alors qu’elle ne connait pas le métier ?
- Turnover élevé : Un candidat recruté sur des critères en total décalage avec la réalité quittera rapidement le poste, ce qui généra des coûts en recrutement supplémentaires pour l’entreprise et une image qui pourrait être négative, véhiculée dans les avis des plateformes professionnelles.
Comment améliorer les annonces d’emploi pour les CM ?
Pour améliorer la pertinence des annonces, ce n’est pas si difficile.
- Il est nécessaire de connaitre et bien clarifier les missions réelles du community manager.
- Impliquer un professionnel du secteur lors de la rédaction de ses annonces permettrait de mieux définir les besoins réels et d’éviter ainsi les dérives.
- Faire preuve de transparence quant à de potentielles méconnaissances sur les compétences demandées.
- Ne pas chercher à sous-payer un CM en cherchant le mouton à cinq pattes ou un social media manager.
Ainsi les entreprises comme les futurs candidats gagneraient en efficacité, en motivation et en productivité.