Pour être un bon community manager, il ne s’agit pas de tout connaitre et d’avoir un palmarès de compétences digne d’un placard de médailles militaires
Il y a des adjectifs qui deviennent dérangeants à entendre envers le community manager, et je trouve qu’il devrait prendre garde avant de se vendre comme un homme à tout faire du net. Parmi ces qualificatifs, j’entends régulièrement celui-ci dans de nombreux articles ou au travers de réactions sur le métier de CM : Le couteau Suisse du net !
Le community manager serait donc un couteau Suisse du net !
Si nous avions une petite idée de ce qu’est la précision Suisse, et la recherche de perfection au niveau des mécanismes de leur horlogerie entre-autre, je doute fort que l’on puisse poursuivre à appeler le community manager un couteau Suisse. J’exagère le rapport pour faire ressortir le but du post.
Il y a ici 2 facteurs à prendre en considération :
1. L’industrie Suisse vise la précision et la perfection dans un ensemble, et avec une cohérence en terme de mécanismes. Que nous ayons face à nous une montre Suisse ou un couteau Suisse, on imagine d’emblée la qualité et la perfection de mouvement qui en résulterait. Si on devait dés lors comparer cette précision à un community manager, elle devrait faire état d’un parfait équilibre entre ses compétences qu’on ne cesse d’augmenter au passage (c’est peut-être ici le seul point commun avec le couteau)
2. Ensuite il n’est pas possible pour la majorité des community managers, de maitriser un panel de compétences relativement large comme celui notifié ci-dessous :
. Animateur de communauté
. Modérateur
. Rédacteur
. Créateur de contenu
. Assurer veille et curation
. Webmarketeur
. Maitrise parfaite des réseaux sociaux
. Maitrise parfaite des outils dédiés au CM
. Maitrise parfaite de Photoshop
. Maitrise parfaite de Indesign
. Maitrise parfaite du HTML, CSS, PHP…
. Maitrise parfaite de Wordpress
Etc…
Il est possible de trouver quelques perles rares chez les community managers, mais à mon opinion c’est se jeter un discrédit que de se vendre comme un homme à tout faire du net. Il est largement préférable d’être spécialisé sur certains points et de se vendre en tant que tel sur ces axes. Nous verrons quelques exemples ci-après.
Soyez un community manager différent pour vous mettre en valeur !
Stratégie océan bleu de W. Chan Kim et Renée Mauborgne, la vache pourpre de Seth Godin.. sont des ouvrages qui font référence à la différence, le contre-courant, ne pas faire comme les autres etc… et c’est ce qui fait qu’on remarque les changements, les différences.
On remarque plus facilement la différence issue d’une spécialité, qu’un ensemble de compétences que l’on voudrait être celui du community manager
Tout simplement parce que le spécialiste est concentré sur une tâche qu’il doit maitriser, alors que dans d’autres cas un CM pourra passer de l’une à l’autre sans forcément laisser transparaitre un manque d’expérience. Prenons le cas des créatifs, ce sont des profils qui aiment bien le changement, le renouveau, et le récurrent ne leur va pas très bien. Pour y pallier il y a un intérêt à diversifier ses missions, créer du relationnel et parfois même être mobile pour casser la routine, et éviter de s’habituer aux éléments communs de son environnement. Si être spécialiste dans ce contexte est un plus indéniable, il faut vraiment tabler sur l’environnement de travail pour apporter ce changement que les profils créatifs recherche. D’un côté on cherche un community manager, de l’autre un spécialiste qui est différent, avec une compétence pointue nécessaire sur un projet ou au travers d’un poste à pourvoir.
Quelques exemples :
– De nombreux community managers sont appelés à s’occuper en partie de gestion de crise quand cela est nécessaire, mais un CM qui maitrisera cet axe pourra plus facilement s’introduire sur des sociétés où il y a des besoins fréquents comme l’aviation, les transports ferroviaires etc.. Ce poste spécialisé peut se négocier plus facilement en terme de salaire, si il est rare de trouver un community manager expert dans ce domaine.
– Un autre exemple est le community manager qui est très à l’aise avec la stratégie, il peut avoir une vision et un esprit d’analyse assez pointue pour aborder les objectifs d’une société et les moyens à mettre en oeuvre pour les atteindre. Si vous avez des affinités avec cet axe stratégique, préférez des postes de social media manager (strategist) qui sont bien mieux rémunérés (sur le papier en tout cas, voir Définition : community manager où dans ce post il est question de salaire)
– Le marketing digital ou webmarketing est de plus en plus important pour le community manager. Etre actif sur ce segment avec une spécialisation, peut encore une fois faire la différence pour un poste nécessitant une compétence solide.
– Avoir une spécialisation sur l’évènementiel peut offrir à votre société une nouvelle orientation sur du community management de terrain. Pour comprendre ce qu’il en est, une autre lecture s’impose : J’ai mis mon community manager dehors !
Il vous appartient dorénavant de mettre à plat vos points forts, vos qualités et tous les détails de votre personnalité qui feront la différence. Ainsi vous allez permettre à votre profil de sortir du lot en vous spécialisant sur un axe porteur. Pour se faire il est important de décortiquer les annonces et de voir les compétences les plus couramment demandées par les sociétés, et de l’autre côté n’hésitez pas à viser des postes qui sont sans rapport au premier abord avec le community management. Il suffit que vous soyez spécialisé sur le coeur du métier pour faire la différence, tout en gardant un pied dans le monde du community management. Ce ne sont que des découpages par spécialisation, et il ne faut pas les craindre pour gagner en compétence professionnelle et étoffer son CV.
N’attendez pas pour créer le changement !
Pour terminer, il est un axe à ne pas négliger quand on se lance dans le community management. Si vous êtes en phase de recherche ou si vous avez un peu de temps à investir… pensez à travailler sur votre empreinte digitale. Je vois énormément de community managers qui ont des profils vides ou presque, sur les réseaux sociaux. Je suis d’accord que ce n’est pas un gage de compétence, mais il est une forme d’investissement et de reflet de la passion que l’on peut porter au métier. De plus les recruteurs peuvent vérifier votre présence sur le net, et regarder comment vous utiliser les réseaux sociaux. Votre fil twitter devrait par exemple est significatif de votre domaine.
En second point n’hésitez pas à rédiger sur un blog, le vôtre ou un collaboratif si vous en avez l’occasion. C’est le meilleur moyen de se faire connaitre et d’exposer son expertise. Ne négligez pas ces points car ils peuvent faire la différence pour un community manager en recherche de poste.
Très vrai cet article ! Dommage que la plupart des recruteurs souhaite un community manager aux compétences multiples.
Un point que je partage totalement : la nécessité d’être soi-même très présent sur le net si on veut chercher du travail dans ce domaine. Je connais des apprentis CM en recherche d’emploi qui ne disposaient même pas d’un compte Twitter. Il me semble qu’une des premières conditions à remplir dans ce métier c’est de connaître à minima les principaux réseaux sociaux et donc d’y être un peu actif. Ensuite, effectivement, la différence peut se faire sur la créativité/l’originalité des actions menées, la capacité à nouer le dialogue avec sa communauté, sur la maîtrise ou non du HTLM ou de quelques outils plus techniques proches des compétences d’un webmaster, ou bien sur une vision plus marketing.
Le métier est à la frontière entre la communication et le marketing, mais comme on demande de plus en plus souvent au CM de rendre des comptes, il semble que des compétences en webmarketing soit désormais un plus. Qu’en pensez-vous ?
Merci pour cet excellent article qui se trouve être tellement bien en ligne avec ce que j’enseigne aux personnes que je forme en Community Management. On passe à travers la panoplie des domaines de compétences qui est certes très large comme l’indique votre article mais j’insiste sur le besoin de choisir quel type de community management ils souhaitent exercer. Quant à la dénomination « Couteau suisse du CM », vous ne la trouverez pas sur notre site même si nous sommes basés en Suisse romande (clin d’oeil!).
Bonjour Edith,
Merci pour votre commentaire et pour le clin d’oeil de la Suisse ;-)
Je vais voir votre site.
Bonsoir,
Je viens de m’inscrire à la newsletter et pour la première fois je me permets de participer à une discussion sur ce blog. Par ailleurs, à la lecture d’une bonne dizaine de posts, je trouve que les sujets sont très instructifs et pleins de bon sens.
Pour certains l’on commence à maîtriser un sujet dès qu’on a lu 3 livres sur ce même sujet. Pour d’autres comme c’est le cas de l’écrivant anglo-canadien Malcolm Gladwell, auteur de « Outliers, The Story of Success », l’on devient expert au bout de 10 000 heures d’une pratique intense, quelque soit la matière. Cette conclusion est basée sur l’étude de cas concernant des artistes qui sont devenus des vrais génies dans leur domaine respectif ou des athlètes qui ont gagné des médailles olympiques ou lors des championnats du monde. Tous en général, ont commencé très jeunes et tous ont nécessité environ 7 ans de travail intense.
Le champion olympique des CM nécessitera alors environ 21 ans pour ne maitriser que 3 des matières citées. Mais, pourquoi pas ? Tout est possible.
En revanche, il existe une autre approche, à mon avis plus réaliste : vous êtes dans ce métier parce que vous avez une passion et (normalement) tout en vous transpire cette passion. Quand vous parlez (ou écrivez) les autres vous écoutent tellement vous êtes vrai, original, drôle. Violet ou bleu, peu importe la couleur de la vache, vous êtes différent, vous êtes dans le « Jamais-vous ». Ensuite, mettez en face les compétences que vous voudrez (pas plus que 2-3) mais elles doivent représenter 80% de votre « output », de ce que vous apportez à votre entreprise ou votre équipe. Le reste (combien ?), là où vous n’avez pas de valeur ajoutée, c’est le rôle de tout manager (community ou pas) soit de les déléguer, soit de faire de son mieux pour les automatiser.
Alors, comment faire pour être un CM différent ? D’abord (1) soyez créatif, soyez original, mais avant tout, soyez vous-même. Vous n’avez rien à faire des règles ni des meilleures pratiques du métier, encore moins des tendances : le jour que vous réussirez à imposer votre style, les autres parleront de VOS meilleures pratiques et ce sera vous LA tendance. (2) Laissez parler votre cœur et votre passion débordera les blogs : vos milliers de « followers » seront prêts à vous suivre partout du moment où vous partagerez avec eux vos passions. Et finalement, (3) déterminez quelle est votre valeur ajoutée et consacrez 80 % de votre temps à réaliser les tâches qui en découlent. Il y a des fortes chances que votre prochaine promotion (ou augmentation de salaire) dépendra de ce que vous en ferez avec ces 3 aspects. Bonne chance !
Bonjour Matty,
Je reprends mon souffle ! Tout d’abord merci pour ce commentaire et l’appréciation.
Pour reprendre un point qui est à mon sens un contre-exemple, c’est le milieu sportif. Dans ce domaine vous êtes déjà à 80% très bon, mais il vous manque ce 20% qui demande des années d’entrainements intensifs pour parvenir à un statut de champion. J’ai pratiqué la boxe américaine (full contact) à un bon niveau, et quand il s’agissait à l’entrainement de faire ce grand écart entre autre… c’était les derniers centimètres qui étaient les plus durs à atteindre. Dans le sport et en terme de performance, c’est partout la même chose.
L’exemple au départ est néanmoins assez explicite sur la pratique bien que vous creusiez l’écart avec la passion et la vocation cités en partie plus bas… et c’est ce que ce métier est à la base. Un métier de gens passionnés par le net et les réseaux sociaux, car on ne devient pas CM ou difficilement en dehors de cette passion première. Quelqu’un de passionné mettra bien moins de temps à assimiler et à apprendre. Pour peu qu’il fasse un bilan de compétences, il verra ses points forts et faibles. C’est comme un champion à un niveau autre, quelque part je ne pense pas qu’un champion le devienne… il est né ainsi avec des gènes prédisposés.
Etre soi-même est vraiment la clé ! mais pour aller dans la bonne direction il faut se connaitre et savoir faire ressortir ses points forts.
Un excellent commentaire pour lequel je serais prêt à vous laisser la plume pour un post qui va dans ce sens ;-)